Véronique de Viguerie :
capturer l’humanité au cœur du chaos

Véronique de Viguerie est une photojournaliste française née en 1978, passionnée par les récits humains enfouis dans les zones de conflit. Maman de deux filles, elle sillonne depuis plus de vingt ans les territoires meurtris par la guerre — Afghanistan, Irak, Yémen ou encore Syrie — pour documenter la vie au-delà des clichés. Convaincue que l’image peut rapprocher les êtres, elle révèle, avec justesse et émotion, les nuances de l’humanité dans ce qu’elle a de plus fort et de plus fragile. Lauréate de nombreuses distinctions, elle est aujourd’hui présidente d’honneur du Grand concours de photographie amateur et continue de porter, à travers son regard, une parole essentielle sur notre monde.

 

RENCONTRE

Véronique de Viguerie, présidente d’honneur du festival et présidente du Grand concours de photographie amateur

Loin des clichés et des visions simplistes, Véronique de Viguerie s’attache à représenter la réalité de la vie, aussi dure que belle parfois, dans les zones de conflits. En Afghanistan, Irak, Somalie, Yémen ou encore Syrie, la photojournaliste capture les instants suspendus qui témoignent de la force de l’humain.

Comment avez-vous découvert le photojournalisme ?

Mon père était amateur de photo et il m’a offert mon premier appareil photo pour mes 12 ans. Je me souviens que j’adorais prendre des photos “carte postale”, ma passion c’était les couchers de soleil ! En grandissant, j’ai su que je voulais faire un métier qui me permette de voyager. J’ai d’abord pensé à une carrière militaire mais la discipline n’était pas trop mon truc. Je me suis alors dit : pourquoi pas journaliste ? Mais l’écrit n’était pas mon fort non plus… Et puis, un été, j’ai lu un livre sur une photojournaliste et j’ai eu le déclic ! J’ai intégré une école de photo en Angleterre et lors d’un stage dans un journal, j’ai eu l’opportunité de partir en Afghanistan. C’était en 2003 et j’ai eu une révélation, l’impression d’être exactement là où je voulais être à cet instant.

Comment avez-vous débuté votre carrière ?

En Afghanistan, j’ai réalisé à quel point le monde était tellement plus vaste et plus surprenant que ce que je pouvais imaginer. A la fin de mon stage, j’ai emprunté de l’argent à ma grand-mère et j’ai acheté un aller simple pour Kaboul, où je suis restée pendant 4 ans. J’avais envie de vivre l’histoire qui était en train de s’écrire. J’avais plein de préjugés sur ce pays, notamment sur les femmes afghanes, souvent représentées comme des victimes soumises et silencieuses. Je me suis rapidement rendu compte qu’elles ne collaient pas du tout à cette image et j’ai eu envie de les montrer sous leur vrai jour : des héroïnes dont on parlait peu, des femmes battantes et résistantes !

Vous travaillez beaucoup dans les pays en conflit. Pourquoi ?

Parce que je trouve que tout se passe de manière beaucoup plus intense dans les pays en conflit. En temps de guerre, les gens sont obligés de sortir de leur zone de confort, ce qui les amène à faire des choses extraordinaires, laides mais aussi incroyablement belles. Je pense que le conflit peut être un révélateur d’humanité. J’aime montrer cette vie qui continue coûte que coûte parce qu’elle donne de l’espoir et qu’elle est réelle. Ce n’est pas toujours possible dans les magazines, faute de place pour tout raconter. Heureusement, il y a les expositions qui permettent de donner une image plus large de ce qui se passe, de montrer des instants un peu suspendus, comme ces étudiantes afghanes qui rigolent en mangeant une barbe à papa pendant une pause à l’université.

C’est quoi une photo réussie selon vous ?

Pour moi, c’est soit une photo qui interpelle, soit une photo qui amène la personne qui la regarde à se rapprocher de la personne qu’elle voit. Et ce, même si elle vit à des milliers de kilomètres dans des conditions qui lui sont totalement étrangères. Je crois que cela fait partie de notre métier de créer des ponts entre les gens. Cela participe, je l’espère, à réhumaniser le monde.

Qu’appréciez-vous particulièrement dans le Vincennes Images Festival ?

Ce que je trouve très intéressant dans ce festival, c’est qu’il s’adresse à tous et se déroule en extérieur. Les photos sont visibles sans que les gens aient un effort à faire : c’est le monde de la photographie qui va vers le public. Et puis, il y a le grand concours amateur ! On apprend toujours énormément des photographes amateurs parce qu’ils sont souvent très doués et ont en outre une approche plus fraîche, moins attendue que les photographes professionnels.

Le VIF sera l’occasion pour vous de rencontrer Sebastiao Salgado. Êtes-vous impatiente ?

Oui ! Sebastiao Salgado m’a beaucoup inspirée à mes débuts et confortée dans ma vocation. Je me souviens que lorsque j’ai découvert ses photos, je me suis dit : “c’est vraiment ça que je veux faire !” Ses photos racontent tellement de choses, la peine de l’humain mais aussi la fierté… Ça remplace 15 000 mots ! Je suis totalement fan et vraiment très contente de le rencontrer.

Propos recueillis par Cécile Blaize et Laure Marescaux

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