Bandeau_drapeaux

par | 9 Avr, 2021

Nous avons tous vu dans nos livres d’histoire cette image représentant trois soldats soviétiques sur le Reichstag à Berlin, dont un, monté sur un épi pour hisser le drapeau rouge. Outre le symbole historique de la victoire des alliés sur le nazisme, la photo illustre ce qu’est la propagande quand elle est utilisée à la gloire d’une idéologie politique, ici, le stalinisme.

« Le drapeau rouge sur le Reichstag » a été pris par Evgueni KHALDEI, photographe et correspondant de guerre, chargé de suivre les avancées de l’Armée rouge pour le compte de l’agence de presse russe TASS. Ce cliché iconique de la fin de la bataille de Berlin est inspiré de la photo « Flag Raising on Iwo Jima » prise par Jo ROSENTHAL quelques mois plus tôt, en février 1945, et symbolisant la victoire des Etats-Unis sur le Japon. Le 2 mai 1945, ce jeune journaliste de 28 ans né en Ukraine grimpe sur le toit du bâtiment en flammes et capture ce moment qui fera date. Ce cliché, pris « à la manière d’un instantané », est savamment orchestré : Evgueni KHALDEI qui a choisi l’emblématique Palais du Reichstag, demande à trois soldats soviétiques de prendre la pose, l’un des trois tenant un drapeau confectionné à la hâte dans une nappe rouge; le photographe cherche enfin le meilleur angle, le plus efficace, pour montrer la ville dévastée à la fin de la guerre.

khaldei

L’agence TASS reçoit la photo et demande qu’elle soit retouchée car un des soldats portent deux montres au poignet, signe évident de pillage … Le photographe en efface donc une des deux pour ne pas donner une mauvaise image des vainqueurs; il en profite pour accentuer la noirceur des nuages de fumée afin de donner l’impression d’une ville encore en combat puis il légende l’illustration de noms à consonance russes.

La photo est publiée pour la première fois le 13 mai 1945 dans le magazine soviétique « Ogoniok » mais son rapide succès n’apporte pas une reconnaissance immédiate à son auteur. Il lui faudra attendre la fin des années 80 et le début 90, après la chute du mur de Berlin et la dissolution de l’empire soviétique. Evgueni KHALDEI dévoile alors la vérité sur la mise en scène et sur la retouche. Bien que cette photo soit considérée comme une photo de propagande politique, son auteur connaît dès lors une renommée internationale.

Après la guerre, Evgueni KHALDEI couvre le procès de Nuremberg et réalise les plus célèbres clichés de Staline. D’origine juive, il ne peut travailler de 1949 à 1953 en raison d’une campagne antisémite lancée contre les « éléments cosmopolites ». Après la mort de Staline, il rejoint le journal communiste moderne la « Pravda » en 1957. Il en démissionne dans les années 70 quand le pays est frappé par une nouvelle vague d’antisemitisme. En 1995, lors d’une commémoration du cinquantenaire de la victoire, un des soldats ukrainiens se reconnaît sur la photo et donne l’identité des deux autres. 

Evgueni KHALDEI meurt à Moscou en 1997. Cette même année, le journal communiste français « l’Humanité » illustre sa couverture de la version colorée de la célèbre photo… Le fameux soldat russe pilleur ne porte toujours qu’une seule montre au poignet …

NewsLetters

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par | 9 Avr, 2021

Nous avons tous vu dans nos livres d’histoire cette image représentant trois soldats soviétiques sur le Reichstag à Berlin, dont un, monté sur un épi pour hisser le drapeau rouge. Outre le symbole historique de la victoire des alliés sur le nazisme, la photo illustre ce qu’est la propagande quand elle est utilisée à la gloire d’une idéologie politique, ici, le stalinisme.

« Le drapeau rouge sur le Reichstag » a été pris par Evgueni KHALDEI, photographe et correspondant de guerre, chargé de suivre les avancées de l’Armée rouge pour le compte de l’agence de presse russe TASS. Ce cliché iconique de la fin de la bataille de Berlin est inspiré de la photo « Flag Raising on Iwo Jima » prise par Jo ROSENTHAL quelques mois plus tôt, en février 1945, et symbolisant la victoire des Etats-Unis sur le Japon. Le 2 mai 1945, ce jeune journaliste de 28 ans né en Ukraine grimpe sur le toit du bâtiment en flammes et capture ce moment qui fera date. Ce cliché, pris « à la manière d’un instantané », est savamment orchestré : Evgueni KHALDEI qui a choisi l’emblématique Palais du Reichstag, demande à trois soldats soviétiques de prendre la pose, l’un des trois tenant un drapeau confectionné à la hâte dans une nappe rouge; le photographe cherche enfin le meilleur angle, le plus efficace, pour montrer la ville dévastée à la fin de la guerre.

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L’agence TASS reçoit la photo et demande qu’elle soit retouchée car un des soldats portent deux montres au poignet, signe évident de pillage … Le photographe en efface donc une des deux pour ne pas donner une mauvaise image des vainqueurs; il en profite pour accentuer la noirceur des nuages de fumée afin de donner l’impression d’une ville encore en combat puis il légende l’illustration de noms à consonance russes.

La photo est publiée pour la première fois le 13 mai 1945 dans le magazine soviétique « Ogoniok » mais son rapide succès n’apporte pas une reconnaissance immédiate à son auteur. Il lui faudra attendre la fin des années 80 et le début 90, après la chute du mur de Berlin et la dissolution de l’empire soviétique. Evgueni KHALDEI dévoile alors la vérité sur la mise en scène et sur la retouche. Bien que cette photo soit considérée comme une photo de propagande politique, son auteur connaît dès lors une renommée internationale.

Après la guerre, Evgueni KHALDEI couvre le procès de Nuremberg et réalise les plus célèbres clichés de Staline. D’origine juive, il ne peut travailler de 1949 à 1953 en raison d’une campagne antisémite lancée contre les « éléments cosmopolites ». Après la mort de Staline, il rejoint le journal communiste moderne la « Pravda » en 1957. Il en démissionne dans les années 70 quand le pays est frappé par une nouvelle vague d’antisemitisme. En 1995, lors d’une commémoration du cinquantenaire de la victoire, un des soldats ukrainiens se reconnaît sur la photo et donne l’identité des deux autres. 

Evgueni KHALDEI meurt à Moscou en 1997. Cette même année, le journal communiste français « l’Humanité » illustre sa couverture de la version colorée de la célèbre photo… Le fameux soldat russe pilleur ne porte toujours qu’une seule montre au poignet …

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