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7 Avr, 2022

portrait_itw_like

Vous êtes le fondateur de la revue LIKE, trimestriel consacré à la photographie. Comment est née l’envie de créer cette revue papier en ces temps enclins au digital?

C’est l’histoire d’un parcours professionnel. En tant que Directeur artistique de presse, j’ai travaillé avec de très nombreux photographes, aussi bien des photoreporters que des portraitistes ou encore des photographes plasticiens. 

Mon rôle consistait à leur passer commande, de les rencontrer la plupart du temps avant et de travailler ensemble sur un angle visuel qui servirait au mieux les pages. Faire de la photo peut paraître simple pour tout un chacun, tout le monde pratique aujourd’hui. Mais être pertinent tous les jours, c’est une autre histoire. Je pense que pour y parvenir les photographes professionnels ont un vrai plus : une concentration totale sur le moment photographié et une attention de tous les instants. J’ai toujours été stupéfait par la qualité des narrations, quand ensemble on éditait les images. J’ai rapidement compris que les choix ne pouvaient se faire que sur 2 critères : La qualité intrinsèque de la photo, bien sûr, et l’histoire du hors champs. Que se passait-il à ce moment-là? Pourquoi être placé là et pas ailleurs, etc. Les histoires qu’ils me racontaient alors, formaient un corpus précis et vivant. Quel que soit le genre photographique, la restitution du travail se transformait en récit éclairant et pour tout dire éminemment journalistique. Quand je montais voir les rédacteurs-en-chef pour leur signaler que tel ou tel récit de photographes pouvait éclairer éditorialement les pages, je m’entendais toujours répondre la même chose : « mais on a déjà un journaliste qui va écrire…».  LIKE la revue est née de cette envie : restituer les récits des photographes et de publier leurs photos. Un mode d’emploi en quelque sorte, qui invite à une lecture pertinente et originale des images. Le digital, – je pense surtout aux réseaux sociaux– est une bête jamais rassasiée où le flux est plus important que le fond. Un long chapelet anecdotique. Il doit son succès à sa facilité d’utilisation et à sa gratuité.  «Liker» n’est pas payer. Résultat : Une impossibilité de construire un modèle économique. Publier une revue sur du vrai papier, en faire un objet plaisant et qualitatif, même s’il se réfère au monde d’avant, était le seul chemin à suivre de mon point de vue. Imprimer de la photo est une forme de sacralisation qui porte en elle une valeur et donc un prix. Même si de temps en temps j’ai le sentiment de ramer à contre-courant, je maintiens qu’elle est la seule voie possible.

Pouvez-vous nous présenter votre revue ?
Tout d’abord, il faut s’arrêter sur le mot Revue. Dans le paysage de la presse photo, il n’existait pas un concept comme celui-ci. Une revue contenant des papiers longs. Pas des photos à la queue-le-leu où le travail journalistique est le grand absent. Une injonction qui consiste à vous faire croire que le plaisir se niche dans le feuilletage ! Pour moi, une revue implique une mise à distance, un retour vers un temps apaisé. Pour y parvenir, LIKE la revue propose une pagination conséquente à chaque photographe pour qu’il puisse y déployer son discours et de bonnes histoires bien écrites. C’est le point d’ancrage. Puis, je trouvais qu’associer une lecture longue à des photos était simplement nouveau. Mon but est d’Inviter les abonnés à passer un moment agréable tout en lui proposant des sujets originaux. J’ai aussi travaillé sur la prise en main en réalisant 2 numéros zéros. C’est ainsi que ce « format de poche » s’est imposé.

La photo est à un carrefour stratégique.

Réseaux sociaux, images numériques ou argentique, print et expositions : comment voyez-vous évoluer l’univers de la photographie ?
Je suis impressionné par la vitalité des propositions. Quand j’ai lancé la revue, je dois l’avouer, j’étais ignorant de cette richesse. Je reçois quotidiennement plus de 50 mails m’invitant à me pencher sur telle ou telle exposition ou festival. Sans compter les éditeurs qui déploient une énergie sans commune mesure. Je suis agréablement surpris aussi par la qualité globale. On ne se moque pas des gens. Pourtant, force est de le reconnaître : tous souffrent. La photo est à un carrefour stratégique. Elle se rêve comme une industrie culturelle qu’elle n’est pas encore. Il faudra encore du temps pour qu’elle s’impose vraiment comme un objet culturel à part entière. Pourtant je trouve que les choses progressent. Les pouvoirs publics viennent de lancer une grande commande par exemple – très bien dotée qui plus est– qui concernera plus de 100 photographes professionnels et aboutira à des grandes expositions. Les festivals se multiplient et ont bien compris que la rémunération des photos est un aspect incontournable et fait partie du budget global. C’est nouveau ! C’est une démarche longue, têtue et collective. J’espère que LIKE la revue participe de cet élan.

LIKE-CARRE-BIBLIO

Vous vous associerez au VIF pour la 1ère fois pour cette édition 2022 et y tiendrez un stand. Comment abordez-vous le Festival?
Après 2 ans d’existence, je commence à envisager d’aller au contact du public. C’est un nouveau métier. Là aussi, j’étais tout à fait ignorant de ce que cela impliquait. Il faut aller vers les décideurs, –Je n’en connaissais aucun– envoyer des mails, prendre son téléphone, être convaincant. Bref commercialiser son produit, puisque c’est de cela qu’il s’agit. Toutes sortes de choses pour lesquelles je ne possédais aucune expérience. Puis j’avais du mal avec ça. Mais la rencontre avec des lecteurs potentiels est un exercice enthousiasmant. Il faut tirer par la manche les gens qui passent, les intéresser au contenu. J’aime observer comment ils se plongent dans la lecture, debout face au stand… Puis arrive, à ce moment-là, un réel échange. Les questions fusent. La plupart disent la même chose : “ On ne vous connaissait pas ”. Puis quelque fois, ils rajoutent : “Je m’abonne “…. 

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7 Avr, 2022

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Vous êtes le fondateur de la revue LIKE, trimestriel consacré à la photographie. Comment est née l’envie de créer cette revue papier en ces temps enclins au digital?

C’est l’histoire d’un parcours professionnel. En tant que Directeur artistique de presse, j’ai travaillé avec de très nombreux photographes, aussi bien des photoreporters que des portraitistes ou encore des photographes plasticiens. 

Mon rôle consistait à leur passer commande, de les rencontrer la plupart du temps avant et de travailler ensemble sur un angle visuel qui servirait au mieux les pages. Faire de la photo peut paraître simple pour tout un chacun, tout le monde pratique aujourd’hui. Mais être pertinent tous les jours, c’est une autre histoire. Je pense que pour y parvenir les photographes professionnels ont un vrai plus : une concentration totale sur le moment photographié et une attention de tous les instants. J’ai toujours été stupéfait par la qualité des narrations, quand ensemble on éditait les images. J’ai rapidement compris que les choix ne pouvaient se faire que sur 2 critères : La qualité intrinsèque de la photo, bien sûr, et l’histoire du hors champs. Que se passait-il à ce moment-là? Pourquoi être placé là et pas ailleurs, etc. Les histoires qu’ils me racontaient alors, formaient un corpus précis et vivant. Quel que soit le genre photographique, la restitution du travail se transformait en récit éclairant et pour tout dire éminemment journalistique. Quand je montais voir les rédacteurs-en-chef pour leur signaler que tel ou tel récit de photographes pouvait éclairer éditorialement les pages, je m’entendais toujours répondre la même chose : « mais on a déjà un journaliste qui va écrire…».  LIKE la revue est née de cette envie : restituer les récits des photographes et de publier leurs photos. Un mode d’emploi en quelque sorte, qui invite à une lecture pertinente et originale des images. Le digital, – je pense surtout aux réseaux sociaux– est une bête jamais rassasiée où le flux est plus important que le fond. Un long chapelet anecdotique. Il doit son succès à sa facilité d’utilisation et à sa gratuité.  «Liker» n’est pas payer. Résultat : Une impossibilité de construire un modèle économique. Publier une revue sur du vrai papier, en faire un objet plaisant et qualitatif, même s’il se réfère au monde d’avant, était le seul chemin à suivre de mon point de vue. Imprimer de la photo est une forme de sacralisation qui porte en elle une valeur et donc un prix. Même si de temps en temps j’ai le sentiment de ramer à contre-courant, je maintiens qu’elle est la seule voie possible.

Pouvez-vous nous présenter votre revue ?
Tout d’abord, il faut s’arrêter sur le mot Revue. Dans le paysage de la presse photo, il n’existait pas un concept comme celui-ci. Une revue contenant des papiers longs. Pas des photos à la queue-le-leu où le travail journalistique est le grand absent. Une injonction qui consiste à vous faire croire que le plaisir se niche dans le feuilletage ! Pour moi, une revue implique une mise à distance, un retour vers un temps apaisé. Pour y parvenir, LIKE la revue propose une pagination conséquente à chaque photographe pour qu’il puisse y déployer son discours et de bonnes histoires bien écrites. C’est le point d’ancrage. Puis, je trouvais qu’associer une lecture longue à des photos était simplement nouveau. Mon but est d’Inviter les abonnés à passer un moment agréable tout en lui proposant des sujets originaux. J’ai aussi travaillé sur la prise en main en réalisant 2 numéros zéros. C’est ainsi que ce « format de poche » s’est imposé.

La photo est à un carrefour stratégique.

Réseaux sociaux, images numériques ou argentique, print et expositions : comment voyez-vous évoluer l’univers de la photographie ?
Je suis impressionné par la vitalité des propositions. Quand j’ai lancé la revue, je dois l’avouer, j’étais ignorant de cette richesse. Je reçois quotidiennement plus de 50 mails m’invitant à me pencher sur telle ou telle exposition ou festival. Sans compter les éditeurs qui déploient une énergie sans commune mesure. Je suis agréablement surpris aussi par la qualité globale. On ne se moque pas des gens. Pourtant, force est de le reconnaître : tous souffrent. La photo est à un carrefour stratégique. Elle se rêve comme une industrie culturelle qu’elle n’est pas encore. Il faudra encore du temps pour qu’elle s’impose vraiment comme un objet culturel à part entière. Pourtant je trouve que les choses progressent. Les pouvoirs publics viennent de lancer une grande commande par exemple – très bien dotée qui plus est– qui concernera plus de 100 photographes professionnels et aboutira à des grandes expositions. Les festivals se multiplient et ont bien compris que la rémunération des photos est un aspect incontournable et fait partie du budget global. C’est nouveau ! C’est une démarche longue, têtue et collective. J’espère que LIKE la revue participe de cet élan.

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Vous vous associerez au VIF pour la 1ère fois pour cette édition 2022 et y tiendrez un stand. Comment abordez-vous le Festival?
Après 2 ans d’existence, je commence à envisager d’aller au contact du public. C’est un nouveau métier. Là aussi, j’étais tout à fait ignorant de ce que cela impliquait. Il faut aller vers les décideurs, –Je n’en connaissais aucun– envoyer des mails, prendre son téléphone, être convaincant. Bref commercialiser son produit, puisque c’est de cela qu’il s’agit. Toutes sortes de choses pour lesquelles je ne possédais aucune expérience. Puis j’avais du mal avec ça. Mais la rencontre avec des lecteurs potentiels est un exercice enthousiasmant. Il faut tirer par la manche les gens qui passent, les intéresser au contenu. J’aime observer comment ils se plongent dans la lecture, debout face au stand… Puis arrive, à ce moment-là, un réel échange. Les questions fusent. La plupart disent la même chose : “ On ne vous connaissait pas ”. Puis quelque fois, ils rajoutent : “Je m’abonne “…. 

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