
“L’homme de Tiananmen” est symbolique, en plus de ce dont elle témoigne, du cas de l’image plus forte que la photo.
Le contexte
S’il est bien une année qui aura marqué de son empreinte la fin du XXème siècle, c’est bien 1989. Elle est bien sûr pour l’Hexagone celle du bicentenaire de la Révolution Française, mais aussi celle, avant la chute du mur de Berlin, la fin officielle de la Guerre Froide ou la Révolution Roumaine se soldant par l’exécution de Ceausescu, de la répression de la révolte des étudiants sur la place Tiananmen à Pékin.
Depuis le mois d’avril, en Chine, étudiants, intellectuels et ouvriers dénoncent la corruption et réclament des réformes démocratiques et politiques. La contestation se répand dans le pays et atteint Pékin où s’organisent manifestations et grèves de la faim. La répression est sans pitié et depuis le mois de mai la loi martiale est proclamée.
Ce 4 juin 1989, L’Etat envoie les troupes et les chars achever le mouvement sur la place Tiananmen. Mais il ne peut empêcher les caméras du monde entier de témoigner de ce qui se passe. Non plus que les appareils photos dont celui de Jeff Widener, photojournaliste américain.
L’auteur
Et ce n’est pas un hasard si ce Californien âgé alors de 33 ans se trouve là. On peut dire en effet que Jeff Widener est tombé dans la marmite photographique tout petit puisque sa passion est née dès ses 7 ans. A 15 ans, il travaille dans un fast-food pour pouvoir s’acheter son premier appareil. A 18 ans, il reçoit, parmi 8000 étudiants, le prix national étudiant de Kodak qui lui offre l’opportunité d’un voyage d’étude en Afrique Orientale. Après quelques années comme photographe de presse aux Etats-Unis, il intègre United Press International et parcourt à partir de là plus de 100 pays, couvrant majoritairement des conflits, émeutes et guerres. Depuis 1987, il couvre le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est pour l’Associated Press. Et comme un signe qu’il est la bonne personne au bon endroit, son appareil photo en titane le sauve en amortissant l’impact d’un pavé qu’on lui lance à la tête lors d’une manifestation, juste quelques jours avant ce fameux cliché de la place Tiananmen…

L’image
Une vue plongeante en plan large sur un homme face à quatre chars alignés. Au sol, des lignes de circulation exactement parallèles aux engins militaires. Sous les pieds de l’homme, un passage piéton qui, comme lui, fait symboliquement barrage. Au premier plan, aussi ronds que le reste de la photo est en ligne, d’incongrus lampadaires sans pieds. La composition est sans faille mais la quasi-perfection graphique de cette photo ce cliché doit presque s’effacer devant ce dont elle témoigne : la force et le courage de l’homme seul, petit, si fragile et pourtant résistant face aux froids et monstrueux tanks. Cette image a renversé à elle seule les événements : si la révolte a été réprimée, le monde entier a été témoin et garde en mémoire le symbole de cette opposition on ne peut plus frontale où l’homme – toujours inconnu à ce jour – a tenu tête au pouvoir et fait plier les machines. Elle fait désormais partie de l’histoire du monde moderne, des dix plus célèbres images de tous les temps mais est toujours interdite en Chine…

“L’homme de Tiananmen” est symbolique, en plus de ce dont elle témoigne, du cas de l’image plus forte que la photo.
Le contexte
S’il est bien une année qui aura marqué de son empreinte la fin du XXème siècle, c’est bien 1989. Elle est bien sûr pour l’Hexagone celle du bicentenaire de la Révolution Française, mais aussi celle, avant la chute du mur de Berlin, la fin officielle de la Guerre Froide ou la Révolution Roumaine se soldant par l’exécution de Ceausescu, de la répression de la révolte des étudiants sur la place Tiananmen à Pékin.
Depuis le mois d’avril, en Chine, étudiants, intellectuels et ouvriers dénoncent la corruption et réclament des réformes démocratiques et politiques. La contestation se répand dans le pays et atteint Pékin où s’organisent manifestations et grèves de la faim. La répression est sans pitié et depuis le mois de mai la loi martiale est proclamée.
Ce 4 juin 1989, L’Etat envoie les troupes et les chars achever le mouvement sur la place Tiananmen. Mais il ne peut empêcher les caméras du monde entier de témoigner de ce qui se passe. Non plus que les appareils photos dont celui de Jeff Widener, photojournaliste américain.
L’auteur
Et ce n’est pas un hasard si ce Californien âgé alors de 33 ans se trouve là. On peut dire en effet que Jeff Widener est tombé dans la marmite photographique tout petit puisque sa passion est née dès ses 7 ans. A 15 ans, il travaille dans un fast-food pour pouvoir s’acheter son premier appareil. A 18 ans, il reçoit, parmi 8000 étudiants, le prix national étudiant de Kodak qui lui offre l’opportunité d’un voyage d’étude en Afrique Orientale. Après quelques années comme photographe de presse aux Etats-Unis, il intègre United Press International et parcourt à partir de là plus de 100 pays, couvrant majoritairement des conflits, émeutes et guerres. Depuis 1987, il couvre le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est pour l’Associated Press. Et comme un signe qu’il est la bonne personne au bon endroit, son appareil photo en titane le sauve en amortissant l’impact d’un pavé qu’on lui lance à la tête lors d’une manifestation, juste quelques jours avant ce fameux cliché de la place Tiananmen…

L’image
Une vue plongeante en plan large sur un homme face à quatre chars alignés. Au sol, des lignes de circulation exactement parallèles aux engins militaires. Sous les pieds de l’homme, un passage piéton qui, comme lui, fait symboliquement barrage. Au premier plan, aussi ronds que le reste de la photo est en ligne, d’incongrus lampadaires sans pieds. La composition est sans faille mais la quasi-perfection graphique de cette photo ce cliché doit presque s’effacer devant ce dont elle témoigne : la force et le courage de l’homme seul, petit, si fragile et pourtant résistant face aux froids et monstrueux tanks. Cette image a renversé à elle seule les événements : si la révolte a été réprimée, le monde entier a été témoin et garde en mémoire le symbole de cette opposition on ne peut plus frontale où l’homme – toujours inconnu à ce jour – a tenu tête au pouvoir et fait plier les machines. Elle fait désormais partie de l’histoire du monde moderne, des dix plus célèbres images de tous les temps mais est toujours interdite en Chine…